| thibon g. | | | L'étoile se donne aux regards, non aux ailes. | | | | |
| | action | | | Les ailes pliées ne cachent pas les astres. L'étoile conquise de haute lutte devient un trou noir de ta conscience. | | | | |
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| thibon g. | | | Ne pas avoir besoin de mirages pour avancer dans le désert. | | | | |
| | action | | | Tout d'abord, nous sommes d'accord : on n'avance que dans le désert. Là où il y a de la vie, on s'immobilise. La vie ne commence-t-elle pas, lorsque disparaît le mirage ? | | | | |
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| amour | | | L’âme, c’est le don de ce qui est ton intérieur ; l’esprit, c’est la possession de ce qui t’est extérieur. Avec le dépérissement des âmes, les actes et même les sentiments se tournent vers l’extérieur. « L'amour commence par l'éblouissement d'une âme, qui n'attendait rien, et se clôt sur la déception d'un moi qui exige tout » - G.Thibon. | | | | |
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| thibon g. | | | Deux sortes de vices : les péchés commis sans plaisir et les vertus pratiquées sans amour. | | | | |
| | amour | | | Le péché savouré et la vertu sûre de sa pieuse intention présentent des vices au moins aussi criards. | | | | |
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| thibon g. | | | Le signe d'un grand amour consiste non pas à tenir, mais à entretenir une promesse divine. | | | | |
| | amour | | | C'est en la déclamant, chaque fois dans une langue nouvelle, que les amoureux oublient peu à peu l'appel de la précédente. L'amour est toujours un débutant, il ne quitte jamais le stade de la syntaxe tâtonnante. En fait de sémantique, il se contente d'onomatopées des sens sans paroles. | | | | |
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| thibon g. | | | La volupté, c'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase, soit du côté du néant, soit du côté de l'infini. | | | | |
| | amour | | | Et quand, en plus, le vase est majestueusement vide - quelle sonorité ! À faire pâlir tous les silences. | | | | |
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| cité | | | Quels couples pathétiques engendra l'antisémitisme ! Deux grandes Juives, Arendt et S.Weil, admirées par deux grands hommes, proches des nazis, Heidegger et G.Thibon ; un grand Juif, Celan, aimé passionnément par une Aryenne, fille des nazis, I.Bachmann. Et le suicide comme la plus probable des perspectives des survivants d'Holocauste. | | | | |
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| cité | | | Il est facile d'imaginer une fraternité entre un riche sans honte et un pauvre sans dignité, mélange d'un cynisme et d'une servilité. Mais un riche rougissant peut être frère d'un pauvre indigné. Sans l'égalité virtuelle des assiettes, pas de fraternité réelle des têtes. Sans l'égalité géométrique, pas de fraternité onirique. Mais le repu n'est pas partageur : « La fraternité n'a pas ici-bas de pire ennemi que l'égalité » - G.Thibon. | | | | |
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| thibon g. | | | La raison nous montre le néant de tout, mais elle ne remplace rien. | | | | |
| | doute | | | Donc, elle remplacerait tout par le néant. Rien ne se remplissant mieux que le néant, la raison nous prépare de belles lices. | | | | |
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| hommes | | | Trois belles rencontres, en France : un genre, L'Ignorance Étoilée de G.Thibon ; une noblesse, R.Debray ; un style, celui de É.-M.Cioran. Entre les personnages, aucun point commun en vue. Un vichyssois absolu, un révolutionnaire irrésolu, un indécis dissolu. Des sources d'admiration multiples, sans supervision systématique. | | | | |
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| hommes | | | Les cÅ“urs désapprirent à aimer et à pleurer, ils ne se brisent plus, ils se bronzent ; avec les âmes, c’est encore plus anonyme et anodin : « La perte de l’âme est indolore »** - G.Thibon. | | | | |
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| hommes | | | La surdité croissante aux appels du soi inconnu – telle est la caractéristique unique de notre époque ; les soi connus, interchangeables et mesquins, s’agitent dans le réel et ignorent le rêve. « Le moi divin, le seul qui soit sans limite, englobe tous les autres moi » - G.Thibon – il ne les englobe pas, il veut les inspirer, mais aucune tête n’est plus tournée vers la hauteur, où réside ce moi invisible. | | | | |
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| hommes | | | L’évolution organique d’une culture : la sacralisation des racines immémoriales et la création de nouveaux branchages, fleurs, fruits ou ombres. Les greffes américaines mécaniques aux racines européennes expliquent les crépuscules de nos arbres. « Quand je vois pourrir une racine, j’ai pitié des fleurs »** - G.Thibon. | | | | |
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| intelligence | | | Le ratage le plus irrémissible, celui dans l'art de la docte ignorance (où excellèrent Socrate, Pétrarque, Nicolas de Cuse, Cervantès, Valéry, G.Thibon, Cioran) : « une savante ignorance, instruite par l'Esprit de Dieu, qui soutient notre faiblesse » - St-Augustin - « docta ignorantia, sed docta spiritu Dei qui adiuvat infirmitatem nostram ». Au genre ridicule, la gnose livra plus d'échantillons que la crédulité. | | | | |
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| ironie | | | J'ai refermé sur la première page, sans retour ni regret, la plupart des livres, une fois ouverts ; je les ai nég-ligés, pas lus. L'intuition ne me désavoua presque jamais, mais j'aurais pu ne jamais lire ni Bloy, ni Sartre ni G.Thibon. | | | | |
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| ironie | | | Exposer une copie d’un objet consensuel, dans un langage consensuel, c’est présenter un objet nu ; la pudeur littéraire (une contrainte) devrait t’en interdire l’usage, t’inviter à faire appel à l’ironie. « L'ironie, forme agressive de la pudeur » - G.Thibon. | | | | |
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| thibon g. | | | Le jour ne tient pas les promesses de l'aurore, il les dissipe. | | | | |
| | ironie | | | Le soir est bien placé, pour entretenir les promesses, que tiendra la nuit. Les meilleures promesses parlent conception et naissances. Encore faut-il savoir placer sous le signe de la nuit nos meilleurs commencements nyctalopes. | | | | |
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| noblesse | | | La chaire est triste : voyez Barthes, Foucault ou Deleuze trônant, gris et doctes, dans les têtes pensantes et le désintérêt pour G.Thibon, Cioran ou R.Debray, dépourvus d'habilitation d'enseigner (licentia ubique docendi). | | | | |
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| thibon g. | | | Veiller sur la pureté du feu intérieur : éviter à la fois, qu'il s'éteigne et qu'il se nourrisse de matières indignes de lui. | | | | |
| | noblesse | | | Laisse les sacrificateurs apprécier la graisse animant la flamme. Le feu est pur tant qu'il est au-dessus de la matière. Ab igne ignem. Pour me débarrasser de la pesanteur, j'ai besoin de grâce céleste et non pas de flamme terrestre. | | | | |
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| thibon g. | | | Nos pieds ne rencontrant plus d'obstacles, nos ailes n'auront plus d'emploi. | | | | |
| | noblesse | | | Sur terre, l'emploi principal de nos ailes est de cacher nos bosses, servir de cache-misères. Le vrai problème des pieds est qu'ils désapprennent la danse et ne servent qu'à marcher. L'aile, c'est le pied qui découvre le ciel, en découvrant la danse. | | | | |
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| proximité | | | La foi grégaire et réglementaire se formait autour de mythes ou de rites : le sacrifice des angoissés ou la fidélité des forcés. Mais la vraie foi devrait venir de l'esprit équilibré et libre, dominant les troubles ou les ténèbres de l'âme. On crée par et dans des ombres, on croit dans la lumière, illuminant simultanément l'âme et l'esprit. « La foi consiste à ne jamais renier dans les ténèbres ce qu'on a entrevu dans la lumière » - G.Thibon - la fidélité dans les ténèbres est aussi belle que le sacrifice dans la lumière. | | | | |
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| thibon g. | | | L'étoile divine éclaire l'âme du voyageur et non le chemin. | | | | |
| | proximité | | | L'étoile divine s'occupe des illuminations ou des trous noirs, des perditions ou des ignitions de notre âme ou de notre esprit. Les ailes ont plus besoin de feu que de lumière. Que ma lanterne m'aide à chercher le chemin ou l'homme ; le chemin vers Dieu ne quitte pas mon rêve immobile et hors espace. | | | | |
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| thibon g. | | | La passion exclut à la fois la distance et l'intimité. | | | | |
| | proximité | | | Sans distance il est facile de choyer, sans intimité - d'admirer. « Pour que restent saines l'intimité intérieure et la passion du prochain, il faut que nous sachions cultiver la distance » - G.Marcel – que vaut cette froide passion, à côté de la passion du lointain, émergeant de la culture de la chaude proximité ? | | | | |
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| thibon g. | | | Dieu et le diable nous font la même promesse ; la seule différence est qu'ils ne visent pas la même altitude. | | | | |
| | proximité | | | Tant et si bien Dieu tient parfois la promesse du diable et le diable renie la promesse de Dieu, sans que je m'aperçoive de la supercherie. Dieu prônerait l'action et le diable - sa récompense ; même en inversant leurs rôles, l'alternative protestante - ne pas prendre en considération tes bonnes œuvres, mais le Dieu du boniment - ne nous éclaire en rien. | | | | |
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| thibon g. | | | C'est dans la mesure où je suis plus que cela que je pleure de n'être que cela ! | | | | |
| | proximité | | | Tu devrais t'en réjouir, car être (savoir se justifier) plus que cela signifierait être impassible. La passion est le refus de justification. | | | | |
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| solitude | | | Danger de la solitude : l'âme devient largement ouverte, et dans ces béances, des choses sans valeur peuvent s'engouffrer plus facilement que lorsque je suis dans la multitude ; je devrais profiter de cette ouverture pour m'en vider. « Rien n'est plus vide qu'une âme encombrée » - G.Thibon. | | | | |
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| solitude | | | La valeur de l'homme serait son cri (son prix - Hobbes !), qui ne serait même pas une question, mais un soupir ou murmure mi-muets. Au cri le penseur préfère le silence : « tout être, qui pense ton univers, fait monter un hymne de silence » - Grégoire de Nazianze. Que de réponses, en revanche, se réfèrent à la parole de Dieu, chez les sourds ! « C'est le silence de Dieu, qui divinise le cri de l'homme »**** - G.Thibon | | | | |
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| souffrance | | | Les ruines sont un refuge idéal pour ce qui aspire à l'immortalité décorative. Maintenir debout ce qui ne peut garder sa noblesse que couché, c'est de l'empaillage sans grâce. « Ce qui, en toi, refuse de mourir est indigne de vivre » - G.Thibon. | | | | |
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| thibon g. | | | La difficulté de trouver l'aliment grandit en fonction de la pureté de la faim. | | | | |
| | souffrance | | | Plus la faim est pure, plus l'appétit réveillé est féroce. Nourris ton fauve dans une cage de l'ironie. Le pur est bon pour la réflexion et catastrophique pour l'action : « Le but - imaginer une vie pure »* - Hegel - « Reines Leben zu denken ist die Aufgabe » - ce n'est qu'une contrainte, le but étant d'entretenir la pureté de l'inaction. | | | | |
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| thibon g. | | | Là , où jadis je voulais boire, je n'aspire qu'à me noyer. | | | | |
| | souffrance | | | On boit dans les yeux de sa bien-aimée ou dans le livre de son semblable. En s'y noyant, on continue d'en boire. Mais on n'est repêchable que si l'on en avait touché le fond. Le désir de boire fut plutôt un souci pour entretenir ta soif. | | | | |
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| thibon g. | | | L'âme, à la différence du corps, se nourrit de sa faim. | | | | |
| | souffrance | | | Un jour, on dévoilera la supercherie : dans les bosses, dues à ses rencontres avec la vie, l'âme cache des provisions secrètes. | | | | |
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| thibon g. | | | Réduire mes souffrances à ce qu'elles ont d'universel, considérer celles des autres comme uniques. | | | | |
| | souffrance | | | Deux nobles perspectives : chercher le beau dans l'universel gémissant, trouver mon bien silencieux dans la pitié, particulière et gratuite ! Le bien est le point de rencontre entre la science et l'art : dans leurs finalités, la première est pessimiste et la seconde – optimiste ; mais dans leurs commencements – leurs tons s'inversent. | | | | |
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| nietzsche f. | | | Niemand stirbt jetzt an tödlichen Wahrheiten : es gibt zu viele Gegengifte.
Personne ne meurt plus de vérités mortelles : il y a trop de contrepoisons. | | | | |
| | vérité | | | En mourir, ne plus pouvoir la falsifier par des incantations du langage. La meilleure guérison est une résurrection. On manque de seringues ou d'ironie, quand on dit : « L'esprit philosophique consiste à préférer aux mensonges, qui font vivre, les vérités, qui font mourir » - G.Thibon). | | | | |
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| thibon g. | | | Je suis trop lucide, pour pouvoir vivre de mensonges et trop impur, pour me nourrir de la vérité. | | | | |
| | vérité | | | La lucidité sert à ne pas s'obnubiler des vérités stériles ; l'impureté - à chercher la fécondité des mensonges. | | | | |
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