| action | | | Mes actions font appel à ma force ou à ma musique, à l'arc ou à la lyre. Je tends le mieux les cordes d'arc - dans une attitude malgré ou contre. La lyre se tourne vers le oui fraternel, elle n'a pas grand-chose à gagner avec des ennemis : « L'ennemi, lui aussi, fait vibrer ta corde sensible. Pour qu'elle casse »* - S.Lec. Tandis qu'avec l'arc « nos vrais ennemis sont silencieux »* - Valéry – pour nous faire relâcher nos cordes désÅ“uvrées. | | | | |
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| lec s. | | | Le geste poursuit la pensée. Malheur s'il la rattrape. | | | | |
| | action | | | On aura beau oublier le viol, mais que faire de l'avorton, qui en naît ? | | | | |
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| amour | | | L'amour, qui est éternel tant qu'il dure, peut être comparé avec le parcours des dieux : « Les Dieux furent immortels » - S.Lec. | | | | |
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| art | | | Quand Apollon, au lieu de tendre son propre arc, guide les flèches des autres, il n'inscrit pas un nouvel exploit herculéen, mais s'inscrit en apprenti d'abattoir. Héracle et Odysseus ne laissèrent, derrière eux, qu'un arc sans flèches. « Les poètes sont des Antée, qui touchent le sol avec leur talon d'Achille » - S.Lec. | | | | |
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| art | | | L'artiste est celui qui fait parler son âme, enveloppée par son cÅ“ur et développée par son esprit. « La littérature est produite par les âmes qui pensent » - Carlyle - « Literature is the Thought of thinking Souls ». Les têtes qui sentent sont plus rares ; elles extraient de profondes matières premières, les autres fabriquent plutôt des produits terre-à -terre. « Tant d'usines pour fabriquer des génies, mais des matières premières ne sont plus livrées »** - S.Lec. | | | | |
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| montaigne m. | | | Nous ne sommes pas si misérables comme nous sommes vils. | | | | |
| | bien | | | Aujourd'hui, l'homme ne se sent ni misérable ni vil ; il n'a plus rien à apprendre dans tes leçons de honte. L'homme à conscience tranquille ne peut qu'être vil. « Il eut la conscience pure. Jamais utilisée » - S.Lec. | | | | |
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| cité | | | La loi d’offre et demande ne s’applique pas aux révolutions : moins répandue est la demande de la liberté, plus cruel est le prix pour se l’offrir. L’inverse est aussi vrai : « Le prix qu'il faut payer pour la liberté diminue à mesure qu'augmente la demande » - S.Lec. | | | | |
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| hommes | | | Ce qui est tragique aujourd'hui, ce n'est pas qu'un journal puisse fermer la fenêtre sur l'essentiel du monde (S.Lec), mais qu'il le reflète et reproduise très fidèlement. | | | | |
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| hommes | | | Jadis, pour survivre, l’homme fut obligé de surmonter la famine, la tyrannie, la maladie, et donc de manifester son propre caractère ou sa propre résilience ; aujourd’hui, il se contente d’une totale fusion de son soi inarticulé, indifférent et atavique avec ses réseaux sociaux. « La technique atteindra un tel niveau de perfection, que l’homme pourra se passer de lui-même » - S.Lec. | | | | |
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| hommes | | | Nous avons deux lignes d’ascendance, la profonde – la paternelle, et la haute – la maternelle. C’est celle-ci qui est la plus déterminante. « Tu es l’enfant de ton siècle. À toi de choisir avec qui il te concevra »** - S.Lec. | | | | |
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| lec s. | | | Il possédait des connaissances, mais il ne les fécondait pas. | | | | |
| | intelligence | | | C'est pourquoi il en divorçait sans peine. Il ne renonçait aux contraceptifs de l'ironie qu'avec ses maîtresses, des émotions trop fertiles. | | | | |
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| lec s. | | | Les idées de fond qu'on n'arrive pas à traduire de leur langue maternelle dans une autre ne possèdent aucune charge d'humanisme. Ce sont des incantations tribales. | | | | |
| | intelligence | | | La faute en incombe souvent à la sous-tribu de traducteurs, qui devraient se tenir à l'entrée de la caverne humaniste plutôt qu'à la sortie de la caserne élitiste. | | | | |
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| ironie | | | Les contraintes spatiales permettent d’éviter des platitudes ou des cloaques, et les contraintes temporelles font passer le vertige des vitesses et des accélérations – le frein ou la marche-arrière font aimer les impasses : « Il n’est point d’impasse là où l’on peut faire marche-arrière » - S.Lec. | | | | |
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| lec s. | | | Un point d'exclamation, qui s'avachit, donne un point d'interrogation. | | | | |
| | ironie | | | C'est la meilleure des dégénérescences grammaticales ! S'écrouler en points de suspension ou s'envoler en laissant derrière soi un illusoire point final - est sans lendemains. | | | | |
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| lec s. | | | Construisons des phrases provisoires. Car s'il y avait un tremblement de terre ? | | | | |
| | ironie | | | En matière sismologique, rien ne vaut une tour d'ivoire, qui ne met pas ses fondations dans des cloaques des profondeurs traîtresses. | | | | |
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| lec s. | | | La tradition ? Noblesse héréditaire du plagiat. | | | | |
| | ironie | | | « Un génie emprunte noblement » - Emerson - « Genius borrows nobly ». La muflerie des inventions est plus traditionnelle, sans être transmissible. L'ignorance des racines - la maladie des branches sèches. « L'immaturité se reconnaît dans l'imitation, la maturité - dans le vol » - T.S.Eliot - « Immature poets imitate, mature poets steal ». On vole des livrets, on invente sa propre musique. « Un bon compositeur n'imite pas, il vole » - Stravinsky - « Хороший композитор не имитирует, но ворует ». Le créatif n'adapte pas, il adopte ; le poussif n'acquiert pas, il conquiert. L'art ignore le sixième Commandement. | | | | |
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| lec s. | | | Le manque d'âme est un état d'esprit, qui prend de plus en plus de corps. | | | | |
| | ironie | | | Ceux qui débordent d'âme noient, à leurs corps défendant, un esprit trop lourd. | | | | |
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| lec s. | | | La moindre puanteur, qui se bat contre un ventilateur, se prend pour Don Quichotte. | | | | |
| | ironie | | | Est-il plus honorable de faire partie de ce ramassis de climatiseurs, dont n'émane aucun climat susceptible de mettre en mouvement les ailes ? Certains voient les ventilateurs ou les moulins, d'autres ne voient que Dulcinée. | | | | |
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| mot | | | Le Logos johannique pourrait se traduire par entendement (Tolstoï), ce qui est déjà au-delà non seulement du Verbe (collé directement à la représentation) mais aussi de la phrase (qui n’est qu’une requête langagière, loin du sens conceptuel). L’entendement est dans l’interprétation, aboutissant au Sens, - trop d’étapes pour prétendre d’être aux origines. « Au Commencement était le Verbe, et à la Fin – la Phrase » - S.Lec. Et puisqu’il n’y avait rien à représenter, au Commencement était, peut-être, l’idée (le dessein divin) de la représentation. | | | | |
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| lec s. | | | Certains poètes veulent en finir avec la Création et tout enfourner à nouveau dans le Verbe. | | | | |
| | mot | | | Leurs antipodes en finirent avec la Résurrection en plaçant tous leurs vœux dans l'Action. | | | | |
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| noblesse | | | On ne peut atteindre la hauteur, mais seulement s'en laisser guider, pour comprendre, qu'aucune idée, aucun geste, aucune parole, aucun état d'âme ne peut prétendre se trouver à un acmé insurpassable, et qu'il existe toujours des objets invisibles, bien plus hauts que tout ce qui se montra déjà . « Ce qui est le plus haut doit n'être qu'un symbole de ce qui est encore plus haut »** - Nietzsche - « Das Höchste muß immer nur ein Symbol des noch Höhern sein ». Garder la tête bien bas aide à se douter de l'existence des hauteurs : « Ceux qui surpassent leur époque, vont souvent tête basse »* - S.Lec. | | | | |
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| noblesse | | | Planer, ne pas donner l'impression de coups d'ailes, cacher la source du vol. Ne pas toucher aux choses pour rester sans poids. La recette vaut même pour la hauteur : « Pour gagner la hauteur, il faut plier les ailes » - S.Lec. | | | | |
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| noblesse | | | Pour se rendre compte, que nous avons des ailes, les uns doivent ouvrir leur porte, les autres - s'attarder aux fenêtres, les troisièmes - ne pas avoir de toit : « Un toit, au-dessus de la tête, empêche souvent de grandir »** - S.Lec. Mais « il faut se savoir au ciel, pour ne pas perdre ses ailes »*** - Hafez. | | | | |
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| noblesse | | | Ne plus savoir insuffler de la poésie dans ses idées est aussi dramatique que de ne plus aimer. « Ce n'est pas que je n'aie plus d'idées, mais les idées ne dansent plus pour moi »** - G.Bataille. L'idée qui danse s'appelle mot, sinon elle n'est qu'une marche, déplacement, flânerie. Le son et le bruit, le chant et la parole, l'aède et Archimède. L'outil, toujours imprévisible. « La parole humaine est comme un chaudron fêlé, où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles » - Flaubert. Pour que l'idée coule, il faut que l'esprit s'immobilise : « C'est la sécheresse intellectuelle qui nous inonde d'idées » - S.Lec. | | | | |
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| lec s. | | | Certains célèbrent en grande pompe leurs défaites, invités qu'ils sont aux banquets des vainqueurs. | | | | |
| | noblesse | | | Il y a suffisamment de châteaux en Espagne accueillants, où le raté s'invite, la veille de leur démolition. | | | | |
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| lec s. | | | Sur les bosses de certains poussent des ailes. | | | | |
| | noblesse | | | (Volé chez Flaubert ! ) Quiconque s'en pare, persuadé de sa droiture, finira bossu. | | | | |
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| proximité | | | Le lointain sentimental se mesure en unités de mystère ; la proximité, pragmatique ou même spirituelle, - en degrés de problèmes ou solutions partagés. Le premier promet de la hauteur ; la seconde menace par la platitude. « Nous nous tenions si près, qu’il n’y restait plus de place pour les sentiments » - S.Lec. | | | | |
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| lec s. | | | Le plus horrible, c'est d'être solitaire en son for intérieur. | | | | |
| | solitude | | | Le comble de la solitude : ne pas savoir bâtir un dialogue. Ne pas entendre de voix derrière des requêtes étranges. Ne plus savoir placer des inconnues dans mes propres interrogations. Ne plus savoir interpréter mes propres ordres, aux destinataires inaccessibles. Prendre mes soliloques pour du texte en format libre, sans contraintes divines. | | | | |
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